Miles… la superstar du jazz !






  

Suivre son parcours, ces 50 ans de carrière, c’est égrener le who’s who de la grande musique noire américaine.
Il se retrouve propulsé, à ses débuts, dans la tourmente de la révolution be bop aux côtés de Charlie Parker et Dizzy Gillespie, dont il est loin d’égaler la virtuosité.  
C’est avec l’arrangeur Gil Evans qu’il tire son épingle du jeu en lançant le projet d’un nonette dans lequel on retrouve des noms aussi prestigieux que ceux de Max Roach (batterie), Gerry Mulligan et Lee Konitz (saxophones) ou J.J. Johnson (trombone).  Il décroche une signature chez les disques Capitol. L’album « Birth of the cool » résume cette période (les premiers titres étant sortis sur 78 tours à l’époque).


Album « Birth of the cool » (1949)
Titre ‘Boplicity’

 De retour de France, où il fréquente Juliette Gréco, Miles Davis connait une période difficile. Il refait définitivement surface en 1954 en lançant le hard bop. Puis, il forme ce qu’il est convenu d’appeler « le premier quintet », dans lequel s’illustre un autre nom légendaire : John Coltrane au saxophone.  
C’est durant cette période qu’il dirige le célèbre enregistrement de la bande originale du film de Louis Malle « Ascenseur pour l’échafaud » avec Jeanne Moreau, entouré de musiciens français.


Album « Ascenseur pour l’échafaud » (1957)
Titre ‘Générique’

 Toujours à la recherche de sons nouveaux, Miles s’oriente vers le jazz modal (qui évite les changements d’accords constants du bop). « Kind of blue », l’un des albums les plus populaires de l’histoire du jazz, est l’aboutissement magnifique de cette quête. ‘So what’, le morceau d’introduction est devenu un ‘tube’, repris en 1992 par le guitariste Ronny Jordan qui en fit de nouveau un hit. Après une introduction impressionniste de Bill Evans au piano, la contrebasse lance le célèbre thème qui évolue sur une grille de blues.


Album « Kind of blue » (1959)
Titre ‘So what’

A cette même époque, il renoue avec Gil Evans pour une série d’albums orchestrés, dont l’adaptation du « Porgy and Bess » de George Gershwin et "Sketches of spain » où il reprend le fameux ‘Concierto de Aranjuez’ de Joaquin Rodrigo, œuvre classique où sa trompette prend la place de la guitare.
Album « Sketches of spain » (1960)
Titre ‘Concierto di Aranjuez’


Place au second grand quintet où s’illustrent Wayne Shorter au sax, Herbie Hancock au piano, Ron Carter à la contrebasse et le fougueux Tony Williams à la batterie. C’est une époque magique, de 63 à 68, où pleuvent les pépites, dont ce ‘Nefertiti’ au principe simple et audacieux : les cuivres ne font que jouer et répéter le thème en boucle tandis que les habituels accompagnateurs ne cessent de broder autour avec maestria. Il fallait y penser et l’oser !
Album « Nefertiti » (1968)
Titre ‘Nefertiti’


On en arrive à un tournant décisif et controversé de Miles : sa période dite ‘électrique’.
Il s’agit ni plus ni moins de l’invention du jazz-rock ou jazz fusion. La notion de groupe éclate en une nébuleuse où les intervenants vont et viennent au gré des sessions et des concerts. On y retrouve les principaux acteurs de ce genre nouveau qui partiront essaimer ensuite leurs propres formations : John McLaughlin avec le Mahavishnu Orchestra, Joe Zawinul avec Weather Report, Herbie Hancock avec les Headhunters, Chick Corea avec Return to Forever, etc… Fidèle à sa méthode, il s’entoure de jeunes lions !
Il impose les claviers et basse électriques, filtre le son de sa trompette au travers d’une pédale wha-wha, affirme la place de la guitare en s’inspirant de Jimi Hendrix, s’appuie sur des grooves hypnotiques dignes de James Brown, ose des sons électroniques et des emprunts exotiques (tablas, sitar) dans un maelstrom inédit. Il se produit dans des festivals et des salles de concert rock, adopte un style vestimentaire flamboyant et psychédélique. Le rôle prépondérant du producteur Teo Macero est à souligner, qui malaxe la matière sonore comme sur une véritable table de montage cinématographique.
Album « On the corner » (1972)
Titre ‘Black satin’


Nouveau creux de la vague de 1975 à 1981 où celui qu’on appelle le Prince des Ténèbres se terre, hanté par ses démons intérieurs. Il ressurgit pourtant dans une nouvelle incarnation, épaulé par le tout jeune Marcus Miller, bassiste et producteur.
C’est un retour acclamé. La musique s’est assagie et ne fait plus fuir le public par sa radicalité, tout en conservant modernité et énergie. Miles reprend Michael Jackson et Cyndi Lauper en mode instrumental. Il s’adonne à la peinture et apparaît dans un épisode de ‘Deux flics à Miami’. Il joue son propre rôle dans le film ‘Dingo’ avec Bernadette Lafont, sur une musique de Michel Legrand. On nomme un astéroÏde en son honneur. Son ombre continue de planer sur le monde du jazz où personne n’a jamais pu se hisser à un tel niveau de notoriété ou de reconnaissance.
Cependant, Miles n’avait pas encore tout dit. Son dernier album ‘Doo bop’, inachevé et posthume, est influencé par le rythme du rap et la culture des rues. Il joue avec Prince, comme il a joué avec Jimi Hendrix. Dans les deux cas, hélas, la mort empêchera ces projets d’aboutir.
En 2019, paraît « Rubber band », album refusé en 1985 par sa maison de disque! L’occasion de retrouver encore une fois un son et un style inimitables mais tant de fois copiés.
Album « Rubber band » (2019)
Titre ‘Give it up’



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